TOC : cibler le système immunitaire pour les traiter

May 19, 2020 par

Selon les estimations, entre 2 et 3 % de la population française sont touchés par les troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Ces troubles peuvent être particulièrement difficiles à prendre en charge et impacter très négativement la qualité de vie des patients et de leur entourage. Récemment, des chercheurs ont découvert l’importance d’une protéine présente dans les cellules du système immunitaire. Une piste potentiellement prometteuse pour lutter contre les TOC.

Petit pois verts représentant les protéines présente dans les cellules du système immunitaire.

Des maladies auto-immunes aux TOC

Des chercheurs ont récemment fait une découverte très intéressante pour le traitement futur des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Initialement, ces chercheurs travaillaient sur les mécanismes pathologiques impliqués dans le développement des maladies auto-immunes, comme :

Leurs travaux, menés sur les souris, leur ont permis de découvrir une protéine, l’annexine-A1. Ils ont développé des lignées de souris transgéniques capables de surexprimer cette protéine (l’exprimer en grandes quantités) dans les lymphocytes (cellules du système immunitaire), responsables du développement des maladies auto-immunes. En observant ces souris, les chercheurs se sont aperçus qu’elles présentaient des niveaux d’anxiété supérieurs à la normale.

Une protéine du système immunitaire liée à l’anxiété

Pour comprendre cette observation, ils ont analysé les gènes exprimés dans les lymphocytes. Ces analyses ont mis en évidence qu’un gène en particulier était particulièrement actif chez ces souris. Ce gène code pour une protéine, que les chercheurs ont appelé Immuno-moodulin ou Imood.

Pour aller plus loin, les chercheurs ont développé un anticorps spécifiquement dirigé contre la protéine Imood. En administrant l’anticorps aux souris, les chercheurs ont observé que leur anxiété anormale disparaissait en quelques jours et qu’elles adoptaient alors un comportement strictement normal.

Compte-tenu de leurs résultats, les chercheurs pensent avoir découvert une protéine du système immunitaire impliquée dans l’anxiété et les TOC. Pour les auteurs de l’étude, le lien entre trouble mental et système immunitaire n’est pas aussi surprenant qu’on ne pourrait le penser. En effet, les patients atteints de troubles auto-immuns présentent généralement un risque majoré de développer des troubles mentaux, tels que :

Un futur traitement contre les TOC et d’autres troubles mentaux

Les chercheurs ont ensuite analysé l’expression de la protéine Imood chez 23 patients souffrant de TOC et 20 patients volontaires sains. Chez les patients atteints de TOC, l’expression de la protéine Imood était environ six fois plus élevée que chez les volontaires sains. Ce résultat était donc concordant avec les observations effectuées chez les souris.

Cibler et neutraliser la protéine Imood pourrait permettre de lutter contre les TOC et d’autres troubles mentaux. Les chercheurs poursuivent leurs travaux pour :

  • Décrypter le mécanisme d’action de la protéine Imood, et notamment son rôle dans les troubles mentaux ;
  • Développer un traitement ciblant la protéine Imood pour lutter contre différents troubles mentaux.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Immuno-moodulin: A new anxiogenic factor produced by Annexin-A1 transgenic autoimmune-prone T cells. SCIENCE DIRECT. Consulté le 15 mai 2020.
Estelle B.
Pharmacienne
Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient.
Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin.
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