TOC et autres troubles psychiatriques TOC et dépression TOC et troubles bipolaires TOC et trouble anxieux généralisé TOC et phobies TOC et trouble panique TOC et mentisme TOC et troubles somatoformes Dysmorphophobie Hypochondrie TOC et troubles des conduites alimentaires TOC et troubles du contrôle des impulsions Conclusion


TOC et autres troubles psychiatriques

  1. Les TOC sont des pathologies complexes et invalidantes, mais leur gravité tient aussi fréquemment à leur association à d’autres troubles psychiatriques.
  2. La coexistence d’au moins un autre trouble psychiatrique avec le TOC semble être la règle plus que l’exception puisque plusieurs études rapportent 50 à 60 % de prévalence "vie entière" (à un moment ou un autre de la vie) pour les pathologies mentales autres que les troubles de personnalité.
  3. Dans les groupes de patients souffrant de TOC, les troubles psychiatriques fréquemment retrouvés sont :
    • les troubles de l’humeur (dépression, troubles bipolaires)
    • les autres troubles anxieux
    • les troubles du comportement alimentaire
    • les troubles du contrôle des impulsions et les abus de substances.
  4. Quoi qu’il en soit, le repérage des troubles associés est souvent fondamental pour les traiter et ainsi améliorer le pronostic.

 


TOC et dépression

  1. La dépression est de loin le trouble psychiatrique le plus souvent associé aux TOC, même si les taux de comorbidité varient considérablement d’une étude à l’autre, de 14 à 80 %.
  2. Attention, des symptômes obsessionnels et compulsifs peuvent survenir dans le cadre d’un épisode dépressif mais on ne peut parler de TOC s’ils n’existaient pas avant et s’ils disparaissent avec le traitement de la dépression.
  3. Dans l’autre sens, des éléments de démoralisation ou de fatigue, voire d’épuisement apparaissant chez des personnes ayant un TOC avéré ne constituent pas forcément un syndrome dépressif si d’autres symptômes typiques de la dépression sont absents (tristesse de l’humeur, culpabilité, troubles du sommeil, de l’appétit…).
  4. Cependant, la décompensation dépressive est l’un des principaux motifs de recours aux soins chez les sujets ayant un TOC, et motive souvent la première demande de prise en charge.
  5. La dépression survient le plus souvent après le TOC, laissant suggérer une dépression secondaire à la souffrance et au retentissement fonctionnel générés par le TOC.
  6. Les symptômes dépressifs semblent être plus fortement associés aux obsessions qu’aux compulsions.
  7. La comorbidité avec une dépression serait un facteur de mauvais pronostic du TOC.
  8. La nature des troubles dépressifs associés est variable et difficile à caractériser : épisode dépressif majeur, dysthymie, trouble bipolaire, trouble unipolaire...

 


TOC et troubles bipolairesTOC et troubles bipolaires

  1. Sur le plan clinique, lorsque le TOC est associé à un trouble bipolaire, les symptômes obsessionnels semblent s’accorder à l’humeur s’aggravant dans les périodes dépressives et s’améliorant dans les périodes maniaques.
  2. Notons qu’il est important se rechercher un éventuel trouble bipolaire devant l’association TOC et dépression afin d’adapter la prise en charge médicamenteuse, notamment pour éviter des virages maniaques en cas de prescription d’antidépresseurs à fortes doses.

 


TOC et trouble anxieux généraliséTOC et trouble anxieux généralisé

  1. Dans une population de patients ayant un TOC, la fréquence des troubles anxieux est plus élevée qu’en population générale.
  2. Le diagnostic différentiel entre TOC et trouble anxieux généralisé n’est pas toujours simple, notamment lorsque les inquiétudes ont une allure "obsédante". La différence principale réside souvent dans le sentiment de responsabilité du sujet dans les malheurs ou problèmes risquant de survenir : absent dans le trouble anxieux généralisé (les événements redoutés sont ceux de la vie contre lesquels on ne peut rien), il est omniprésent dans le TOC (nécessité de tout maîtriser ou vérifier pour éviter une catastrophe).

 


TOC et phobies

  1. Un autre diagnostic différentiel difficile est celui de la phobie d’impulsion classée dans les TOC car également associée à un sentiment de responsabilité dans les actes dangereux qui seraient réalisés de manière incontrôlable, avec certaines phobies simples non obsessionnelles comprenant une notion de danger, comme par exemple la phobies de la conduite automobile.
  2. Rappelons que ces troubles peuvent se ressembler mais qu’ils peuvent également coexister chez un même patient.
  3. La phobie sociale est la comorbidité anxieuse la plus fréquemment retrouvée, certains considèrent cette association TOC et phobie sociale comme un facteur de gravité du TOC.

 


TOC et trouble panique

  1. Dans le cas du trouble panique, un TOC comorbide serait un facteur de mauvaise réponse au traitement médicamenteux.

 


TOC et mentismeTOC et mentisme

  1. Le mentisme, tout comme le TOC, correspond à une activité mentale pénible se traduisant par une succession d’idées ou d’images sur laquelle le sujet n’a plus de maîtrise.Ces phénomènes sont favorisés par un état anxieux, le stress ou le manque de sommeil.
  2. Le mentisme n'est cependant pas considéré comme une pathologie en tant que telle, dans la mesure où il n'est pas accompagné d'autres symptômes.

 


TOC et troubles somatoformes

  1. Les troubles somatoformes* associés le plus fréquemment au TOC sont :
    1. la dysmorphophobie
    2. l’hypochondrie

* Troubles caractérisés par la présence de symptômes physiques faisant évoquer une affection médicale générale mais qui ne peuvent s’expliquer complètement ni par une affection médicale générale, ni par un autre trouble mental.

 


DysmorphophobieDysmorphophobie

  1. La dysmorphophobie consiste en une préoccupation excessive concernant une perception erronée de l’apparence physique. Elle est à l’origine d’une détresse intense et d’une altération du fonctionnement social.
  2. Certaines caractéristiques cliniques sont proches entre TOC et dysmorphophobie : préoccupations obsessionnelles sur l’image du corps, comportements compulsifs. On retrouverait une dysmorphophobie chez 10 % des patients ayant un TOC.
  3. L’association de ces deux troubles psychiatriques correspond à une forme sévère de TOC avec une plus grande fréquence d’autres comorbidités psychiatriques (boulimie, abus de substances, phobie sociale).

 


HypochondrieHypochondrie

  1. L’hypochondrie consiste en une peur chronique d’avoir une maladie grave.
  2. Ce trouble prend certaines caractéristiques du TOC comme :
    • la présence d’une idée obsédante (la peur de la maladie)
    • l’anxiété qui en découle
    • et les comportements de vérifications qui consistent en des consultations médicales répétées. Ces comportements ne sont cependant pas des compulsions.
  3. L’hypochondrie est moins souvent associée au TOC.

 


TOC et troubles des conduites alimentaires

  1. Il s’agit à la fois d’anorexie restrictive et d’anorexie-boulimie.
  2. L’anorexie présente certaines caractéristiques sémiologiques* proches d’un TOC : elle consiste en la crainte excessive et obsédante de prendre du poids. Cette crainte génère un état anxieux à l’origine de conduites extrêmement ritualisées ayant pour objectif de trier les aliments ou compter les calories.
  3. Cette pathologie s’accompagne également de conduites d’évitement qui consistent à limiter au maximum ses apports alimentaires.
  4. La présence du thème alimentaire en termes de problématique de poids et non de contamination exclut le diagnostic de TOC.
  5. En revanche, les TCA (troubles des conduites alimentaires) sont des pathologies comorbides du TOC. Des études récentes montrent une prévalence vie entière variant de 4,7 à 9,6 % de TCA associés à un TOC. Très souvent, le diagnostic de TOC est antérieur au diagnostic de TCA.
  6. La présence de TOC chez les sujets souffrant de TCA est un facteur de mauvais pronostic : le diagnostic de TOC chez les anorexiques multiplie par 3,5 le risque de dépression.

* Symptômes et signes cliniques d’une maladie.

 


TOC et troubles du contrôle des impulsionsTOC et troubles du contrôle des impulsions

  1. Dans les groupes de patients souffrant de TOC, les troubles psychiatriques fréquemment retrouvés sont :
    • les troubles de l’humeur (dépression, troubles bipolaires)
    • les autres troubles anxieux
    • les troubles du comportement alimentaire
    • les troubles du contrôle des impulsions et les abus de substances.
  2. Quoi qu’il en soit, le repérage des troubles associés est souvent fondamental pour les traiter et ainsi améliorer le pronostic.
  3. Si l’on prend l’exemple des acheteurs compulsifs, ils présentent une symptomatologie proche du TOC, pouvant poser un problème de diagnostic différentiel : obsessions envahissantes, envie incoercible d’achats, sentiment de soulagement après l’achat.
  4. Ces syndromes, certes proches du TOC, s’en distinguent cependant par l’absence d’anxiété qui accompagne systématiquement l’obsession.
  5. Par ailleurs, les comportements compulsifs dans ces pathologies ont pour objectif de satisfaire un désir irrépressible et se distinguent ainsi des compulsions qui, dans le TOC, ont pour but d’atténuer un état anxieux généré par l’obsession.
  6. Les syndromes des troubles du contrôle des impulsions peuvent être comorbides d’un TOC ; il apparaît en effet que la prévalence des troubles du contrôle des impulsions est plus élevée dans les populations de patients ayant un TOC qu’en population générale.
  7. Les sujets atteints de TOC associés à un trouble du contrôle des impulsions ont des symptômes plus sévères et un retentissement négatif sur leur vie quotidienne plus important.
  8. Quand TOC et troubles du contrôle des impulsions sont associés, les symptômes obsessionnels et compulsifs sont plus sévères et la prise en charge plus complexe.

 


Conclusion

  1. Pour conclure, nous rappellerons que la présence d’une autre pathologie psychiatrique associée à un TOC est souvent un signe de gravité : complication du TOC, chronicité, facteur prédictif de mauvaise réponse au traitement.
  2. Les patients présentant une comorbidité reçoivent en moyenne plus de traitements médicamenteux que ceux souffrant d’un TOC « pur », ont plus de retentissement négatif de leur maladie sur leur vie quotidienne et ont un risque de suicide plus élevé (jusqu’à 10 fois).
  3. Il est indispensable de toujours rechercher une dépression, en raison de sa fréquence élevée et un abus ou une dépendance à l’alcool ou à d’autres substances en raison des conséquences somatiques possibles.
  4. L’enquête diagnostique à la recherche d’une ou de plusieurs pathologies somatiques est indispensable afin d’adapter au mieux la prise en charge qu’elle soit psychothérapique ou pharmacologique.